« Jusqu’ici, je pensais avoir tout vu … », c’est ainsi que Simonne commence l’évocation de ses souvenirs à l’occasion de ses neufs décennies. Simonne, ancien cadre de la CPAM de la Haute-Garonne, est l’une des personnes qualifiées du Comité régional d’histoire de la Sécurité sociale Midi-Pyrénées (CRHSSMP). Dans cette autobiographie intitulée "Aujourd'hui c'est mon anniversaire"*, elle se remémore la faim et le froid pendant la guerre, son entrée à la Caisse primaire en 1949 où sera charger de démarrer l’informatique en 1985. Des épisodes rappellent l’actualité : ses études interrompues par l’occupation allemande en 1943 et poursuives par correspondance avec ses professeurs, en 1956/1957 « la Grippe Asiatique » qui la touche lourdement avec sa famille à l’exception de ses grands-mères. En 1967, la grippe de Hong Kong les épargne mais « touche beaucoup de monde autour de nous ».
Simonne disait souvent : « A mon âge, plus rien ne peut me surprendre, j’ai tout vu ! ». MAIS NON ! Je n’avais pas envisagé que je connaitrais un jour « le Coronavirus ».
Les publications du CRHSSMP témoignent régulièrement de maladies et des difficultés qu’elles occasionnent.
Ainsi Marie-Jeanne Château, dans son recueil de souvenirs, « Les Oubliettes »**, rapporte les ravages de la tuberculose frappant le ramasseur d’ordures du quartier et son cheval un percheron qui « avançait à la trique, l’éboueur au gros rouge ». Avec peu de moyens, le dispensaire soignait les pauvres. Pour se remettre de la diphtérie, en cas d’anémie prononcée « il fallait boire un verre de sang bien chaud ».
Plusieurs Lettres d’information évoquent la grippe, obligeant en 1933, la Caisse départementale des Assurances sociales du Gers d’intensifier le recrutement du personnel. En 1973, une grève liée aux nouveaux locaux de la CPAM de la Haute-Garonne a, comme facteur aggravant, la charge de travail supplémentaire due à l’épidémie de janvier 1973. Pour prévenir la grippe, en 1982, la MSA du Gers décide de prendre en charge de la vaccination des plus de 75 ans »***.
L’on parlait d’épidémies de grippe en 1957 et 1967, en fait il s’agissait comme aujourd’hui de pandémies touchant plusieurs continents. Si le manque de traitements curatifs était similaire, la prise en charge des conséquences sanitaires et économiques était très différente : aujourd’hui, le soutien est massif pour les secteurs en difficulté et les actifs en inactivité. Les mesures de confinement et de « distanciation sociale » sont compatibles avec la poursuite d’activités à distance, les moyens techniques permettant le télétravail et la tenue de réunions, (comme celles de l’assemblée générale et du conseil d’administration du CRHSSMP en novembre 2020). Le rôle et l’action des organismes de sécurité sociale est à souligner en particulier celle des caisses d’assurance maladie pour leur suivi des foyers pandémiques.
Le texte de Simonne, écrit à la fin du premier confinement, se termine par : « Quand cela finira-t-il ? A l’heure où j’écris, près de deux mois ont passé et le déconfinement commence à peine. Voilà, ce que je sais, aujourd’hui : c’est que je n’avais pas tout vu ».
La situation perdure à la fin de cette année 2020 si particulière.
Reste à espérer une année 2021 qui permette une reprise totale et rapide des activités et pour le Comité régional d’histoire leur poursuite avec le concours d’étudiants pour ses études.
Michel Lages,
Président du CRHSSMP
17 décembre 2020
Liens et sources :
* Aujourd'hui c'est mon anniversaire
*** Sources : Lettres d’information n° 19 p. 14, n° 26 p. 14 et n° 22 p. 22